L'homme de Neandertal, avec son front bas, son physique de petite brute, sa taille du silex moins productive au kilogramme, son effacement devant l'homme de Cro-Magnon, traîne de lourds boulets. Pourtant, seuls les préjugés rendent prisonniers.
Il est difficile lorsque l'on découvre une voie de taire les pistes croisées. Elles sont signalées par des déductions et des fortes probabilités. Certains y puiseront des arguments pour rester accrochés à leurs préjugés. Les lecteurs exigeants seront plus indulgents.
Il n' a été mis à jour qu'une petite partie du site archéologique. Il reste encore à explorer et ses découvertes futures devraient permettre de nuancer, de contredire et d'affiner ce début d'étude.
Il n'en demeure pas moins que des Néandertaliens ont vécu pleinement humain en Bretagne. Ils ont laissé, sur des silex patinés par le temps, une porte ouverte sur leur dimension culturelle. Cette culture, ils l'ont porté pendant des dizaines de millénaires en la transmettant au moyen d'une langue aussi complexe que les idées dont elle permettait l'échange. Au crépuscule de leur civilisation, ils l'ont transmis à des encombrants envahisseurs, des "hommes nouveaux".
Cet accès à une dimension culturelle a fécondé le mental d'une poignée d'humains.
De ces ancêtres directs, nous ne sommes redevables que d'une partie du reste. Armés d'une dimension culturelle supérieure, ils sont partis à la conquête de la terre. Ce savoir, transmis par une autre humanité, ils l'ont gardé pour eux. Ils n'ont point voulu le partager. Il est à craindre, qu'ils se considéraient comme les seuls hommes. Des préjugés dangereux étaient déjà en place. Quelques milliers d'années leur ont suffi pour balayer les autres humains. Notre patrimoine génétique tendrait à démontrer qu'ils n'ont eu guère le souci d'assimiler les indigènes.Faut-il déceler dans cette conquête brutale, les racines du comportement de notre humanité ? Appartenons nous à un rameau sélectionné par la nature sur la base de son agressivité et de son aptitude à s'emparer et à surexploiter ?
Si nos gènes plongent en Afrique, au sud et au soleil, nos racines culturelles s'enfoncent dans la neige, le froid et le nord.
La thèse présentée est moins flatteuse pour nos ancêtres. Elle est sans doute plus humaine. Elle est aussi plus pessimiste car des cultures qui s'éloignent de la nature portent en elles le risque de causer la disparition de la dernière branche des humains. Peut être, en prenant conscience de l'apport du fond des âges des Néandertaliens, parviendrons nous à descendre du piédestal où nous nous sommes placés, à retrouver le contact avec le sol et la nature et à reconstruire une humanité moins déséquilibrée et plus respectueuse de son environnement.
Tel est, pour mes enfants, leurs futurs enfants, les enfants de leurs enfants et au moins pour une période aussi longue que celle de l'extraordinaire chaîne humaine qui nous relie à nos plus lointains ancêtres, mon espoir le plus ardent.
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